Réponse
" [...] Je suis vraiment flattée de l'intérêt que tu me portes mais je n'aurais pas du t'encourager comme j'ai pu le faire.
Je préfére être franche et ne pas passer par quatre chemins: il ne se passera rien entre nous de plus qu'une amitié.
je
suis confuse et très génée de devoir m'être les choses au point comme
ça mais et arrêtes moi si je me trompe, tu imagines bien plus que je
n'ai à t'offrir. [...] J'espère que malgré tout ça on ne va pas être géné ou froid l'un envers l'autre, je ne le serai pas sois en certain. [...] "
Non tu ne trompes pas j'ai laissé libre cours à mes romances, non tu ne
trompes pas j'ai attendu de toi... Quoi ? Une réponse, une exception,
un renouveau - peut-être.
Je me suis surpris, ces dernières semaines, à te regarder puis à te voir.
L'étrangère,
la furtive apparition se moulant petit à petit dans une sorte d'envie
floue. Envie, désir, besoin. Mic mac. Trouble(s).
Le tout
s'insérant dans une ligne de conduite bien claire en ce qui concerne
mes relations avec le beau sexe (pardonne la formule un peu ampoulée).
Puis perçant doucement les murs à peine solides de cette ligne tordue
qui queulait à qui voulait l'entendre : Il n'y a pas d'amour, il n'y a
pas d'amour. Se complaisant dans les moiteurs de chambres d'un soir,
dans des passions d'une nuit succédant aux passions d'une autre nuit.
Riant de sa solitude, qu'elle appelait crânement liberté. Cette ligne !
Ah qu'il en était fier le maraudeur de nuits, l'assassin des traditions
romantiques. Un homme du siècle, moderniste gueulant à la face du
mariage, pissant sur les églises et riant, riant doucement des
imbéciles qui ne savent dire que "je t'aime" tandis que le dictionnaire
et la boîte à formules regorgent de mots bien plus beaux, plus vrais,
plus ancrés dans la chair. Ces mots là qui ne parlent pas d'amour. Pour
pomper sur Ferré - qui décidement avait le sens de la formule - "Quand
je vois un couple je change de trottoir !".
Et puis toi, donc.
Une exception. C'est toujours surprenant une exception dans un règle
bien construite. C'est plus que surprenant, c'est effrayant. Une
exception et c'est tout le système qui menace d'imploser. Et l'on se
demande alors sur quoi reposent les bases du système, on en questionne
le sens, on doute de tout. Puis finalement on se regarde et on voit
toutes les lignes qui nous composent et plus on se regarde moins on les
voit nettes et toutes passent à la question... C'est amusant n'est-ce
pas ? Ce qu'une femme vous provoque comme réactions.
Tout ça
semble bien sérieux. Ce serait nier toute la part qui échappe à
l'analyse. Les fondements même de cette remise en question. Un portrait
de toi. Un sourire et sa résurgence. Une fraîcheur salvatrice. Les
lignes (cette fois bien physiques), creux et bosses qui forment ton
corps. Et je me prend au jeu, il est trop tard tu me fascines. Malgré
moi. L'étrange étrangère...
Ce qui me surprend le plus c'est
l'état de sérénité dans lequel j'écris ce message. Je ne peux pas
croire que tout soit passé. Je peux croire aux vertus de l'écriture. Il
est vrai que j'ai les exceptions rares mais puissantes, presque
obsessionnelles. Pourtant elles se consument un jour et l'on retourne
droit sur sa ligne tordue. Mais non tout n'a pas disparu.
Le coup
de massue de ton message... J'avais mis tellement d'éspèrance en vous,
j'avais incarné en vous tout un renouveau, renouveau d'un état de mon
être qui m'insupporte de plus en plus. Je m'étais, chose bien rare,
autorisé à y croire. J'étais prêt à essayer, pour la première fois
depuis bien longtemps, prêt à réinventer la ligne.
Je ne t'en
veux pas, je ne serais pas froid ou même gêné. Ce n'est pas toi qui m'a
décu. Ce n'est pas à tes encouragements que je le dois. C'est à moi et
à cet imaginaire passionné qui me navre autant qu'il me ravit.
J'ai
beaucoup parlé, comme toujours. Ceci n'est pas une déclaration pour
autant. Au fond je m'en moque, appelle ça comme tu veux. La distance de
nos deux ordinateurs me donne le courage de t'écrire. Ne prend pas peur
surtout...